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  • Yazarın fotoğrafıMoussa Hissein Moussa

Lac-Tchad : Une source de vie sous menace d’extinction

Introduction

Le Lac-Tchad, classé comme la quatrième plus grande étendue d’eau du continent africain et le troisième plus grand lac fermé de la planète, est alimenté principalement par le Logone (situé entre le Cameroun et le Tchad), qui lui-même est un affluent du Chari (couvrant les frontières de la République centrafricaine, du Tchad, du Cameroun et du Soudan), la Komadugu-Yobe (partagée entre le Niger et le Nigeria), ainsi que par trois rivières qui drainent la région de Bornou au Nigeria. Le Lac-Tchad, autrefois parmi les plus vastes lacs d’Afrique, traverse actuellement une crise majeure. Situé à la frontière du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria, son bassin, qui s’étend jusqu’en Algérie, en Libye et au Soudan, constitue une ressource cruciale pour près de 40 millions de personnes.



Un arbre de vie en plein cœur de l’Afrique

Le bassin du Lac-Tchad constitue une réserve d’importance majeure, non seulement pour les humains, mais également pour la végétation et les oiseaux. Il représente un carrefour où la biodiversité, dans toute sa splendeur, prend place. La richesse écologique de la zone du Lac-Tchad s’explique par son appartenance à trois écorégions distinctes : la savane inondée du Lac-Tchad, la savane d’Acacia sahélienne, et la savane soudanienne occidentale.


La pêche

La pêche représente l’activité la plus visible sur le lac, principalement menée par des pêcheurs autochtones utilisant des pirogues selon des méthodes traditionnelles. Elle constitue une source de revenus contribuant à la réduction de la pauvreté, générant de nombreux emplois grâce à la pêche et à la transformation du poisson. Les revenus ainsi générés sont significatifs pour les communautés locales. Le poisson du Lac-Tchad est commercialisé dans tous les pays riverains, jouant un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des populations lacustres et urbaines de la région.


La pêche agit également comme un vecteur de cohésion sociale. Des pêches collectives se déroulent sur plusieurs jours pendant la saison chaude (mars-mai), et des démonstrations de pêche sont parfois associées à des événements tels que les mariages et les fêtes religieuses. Selon les pêcheurs, le silence est crucial pendant la pêche, car les esprits n’apprécient pas le bruit, et ils estiment que cela effraie les poissons.



Spiruline

Les femmes sont engagées dans la récolte de la spiruline, une algue comestible riche en minéraux et protéines, dont la renommée mondiale ne cesse de croître en raison de ses propriétés détoxifiantes et nutritives.


Cette algue est principalement récoltée dans les régions du Kanem et du Lac du Tchad, où elle se développe dans les nappes d’eau des oasis entourant le Lac. Le processus de récolte consiste à prélever l’eau des mares à l’aide de récipients en fer, la verser dans une cuve sphérique enterrée dans le sable. Cette cuve filtre l’eau, laissant les dépôts d’algues qui, sous forme de galettes d’environ 2 cm, sont étalés sur le sable pour sécher au soleil. Les galettes sont ensuite découpées en morceaux, le sable est retiré, puis elles sont commercialisées sur le marché local ou exportées vers les pays voisins.

La spiruline, en tant que végétal, présente une teneur élevée en protéines, représentant de 60 à 70% de la matière sèche. Pour comparaison, 15 g de spiruline contiennent autant de protéines que 100 g de bœuf, ce qui en fait un aliment particulièrement intéressant pour lutter contre la malnutrition.



Biodiversité

Parmi les trois grands systèmes hydrologiques sahéliens (delta du Sénégal, delta central du Niger et le Lac-Tchad), le Lac-Tchad abrite la plus grande population d’oiseaux. Il est un site majeur pour les oiseaux migrateurs en provenance d’Europe et d’Asie, accueillant au moins 70 espèces chaque année, comprenant des espèces afrotropicales. De plus, le bassin du Lac-Tchad est le refuge de toutes les espèces de vautours de l’Afrique de l’Ouest.


On recense 44 espèces de grands et moyens mammifères dans la zone du Lac-Tchad, y compris une population d’éléphants. Les éléphants jouent un rôle central en tant qu’architectes des paysages, participant à la dissémination des espèces végétales et contribuant au maintien des écosystèmes. La zone du Lac-Tchad abrite quatre espèces de grands et moyens mammifères vulnérables, dont l’éléphant de savane d’Afrique et l’hippopotame amphibie, ainsi que trois espèces quasi-menacées d’extinction.


Le climat de la zone donne lieu à une végétation basse de savane concentrée le long des rives des îles et du lac. Les arbres prédominants sur les îles incluent le prosopis et le palmier dattier. Bien que généralement considéré comme une espèce invasive, le prosopis est exploité par les bergers peuhls et d’autres acteurs, constituant une source significative de revenus grâce à la commercialisation du bois de chauffe, du bois de service et du charbon.



Une extinction menaçant des millions de personnes

Au cours des six dernières décennies, sa taille a diminué de manière alarmante, atteignant une réduction de 90%, attribuable à une utilisation excessive de ses eaux, à des périodes prolongées de sécheresse et aux impacts des changements climatiques. La superficie du lac, qui était de 26 000 kilomètres carrés en 1963, s’est réduite à moins de 1 500 kilomètres carrés aujourd’hui. Cette situation est qualifiée de catastrophe écologique, engendrant la destruction des moyens de subsistance des populations et la perte d’une biodiversité inestimable.



Le réchauffement climatique a une incidence majeure dans la région, principalement marquée par le dessèchement du Lac-Tchad. Autrefois, ce lac couvrait une superficie d’environ 315 000 km² et atteignait une profondeur de 160 mètres pendant le Paléolithique. Actuellement, il est considéré comme l’un des actifs naturels les plus menacés, avec une réduction significative au cours des cinq dernières décennies.


Les périodes de sécheresse des années 1970-1980 dans le Sahel ont marqué le début de son rétrécissement, bien que d’autres facteurs, au-delà des conditions climatiques, renforcent la vulnérabilité du Lac-Tchad. Ces facteurs comprennent les réponses des communautés agricoles aux phénomènes climatiques extrêmes, tels que la sécheresse, l’ensablement des terres, l’érosion des sols, ayant des conséquences dévastatrices qui compromettent le développement des populations pauvres.

Les conséquences du réchauffement climatique se font également ressentir principalement sur les plans économique et environnemental. Sur le plan environnemental, en plus du déclin du Lac-Tchad, on observe une dégradation des forêts, une salinisation progressive des sols et des nappes phréatiques, ainsi qu’une accentuation de l’ensablement entraînant une diminution des terres cultivables et une baisse de leur fertilité.


Environ 120 à 140 espèces de poissons sont recensées dans le Lac-Tchad et ses affluents, avec un potentiel de production halieutique estimé à 150 000 tonnes. Cependant, de nombreuses espèces sont menacées par une surpêche due à l’utilisation de filets à mailles de plus en plus petites, entravant la régénération des populations.


Sur le plan économique, la production halieutique a chuté de 60 % en raison du recul du Lac-Tchad, tandis que la dégradation des terres et des pâturages a conduit à une diminution des capacités de production agricole régionale, une réduction des disponibilités en fourrage et une baisse du cheptel et de la biodiversité. Face au déclin du Lac-Tchad et à la détérioration des conditions agro-climatiques, les populations locales ont développé des stratégies pour assurer leur autosuffisance alimentaire, notamment par la migration vers les rives et les îles formées après le retrait du Lac-Tchad.


Conclusion

En résumé, l’assèchement imminent du Lac Tchad est une préoccupation majeure tant au niveau national qu'international. Il est urgent d'agir et d'examiner les recommandations des experts pour sauver cette ressource cruciale. Les propositions avancées dans ce document offrent des pistes pour aider les États membres de la CBLT à relever les défis liés à la disparition du lac et à sa pression démographique, dans une perspective de développement durable. Les retombées économiques liées à la valorisation du Lac Tchad sont importantes et pourraient améliorer le bien-être des populations régionales. Par ailleurs, il est impératif de mener une étude approfondie sur les menaces à long terme des changements climatiques pour les pays pauvres. Le non-contrôle de ce phénomène pourrait conduire à d'importantes migrations dues à la sécheresse, aux inondations et aux pénuries alimentaires, accentuant la pression démographique sur des ressources déjà limitées dans les zones d’accueil et pouvant entraîner des conflits. Ainsi, bien que les migrations liées aux changements climatiques offrent une adaptation aux perturbations environnementales, elles posent également un risque significatif pour la sécurité, suggérant un échec dans l'adaptation aux changements climatiques.


Références

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