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  • Sirad Jafar Mohamed

Les Relations Somali-Russes

La première étape des relations entre la Russie et la Somalie a été franchie en 1961. De nombreux pays africains, comme la Somalie, qui venaient d'obtenir leur indépendance, ont été influencés par les blocs de l’Est et de l’Ouest. La Somalie a reçu le soutien du bloc de l’Est Sous l’égide de l’Union soviétique, la Russie a souligné qu'elle fournirait un soutien dans de nombreux domaines pour le nouveau État somalien. Dans ce contexte, le premier accord conclu entre les deux pays portait sur la coopération culturelle.



Au fil du temps, en 1962, le premier accord de coopération militaire entre la Russie et la Somalie a été signé. Par la suite, 50 membres de l'Armée nationale somalienne ont été envoyés en Russie pour une formation militaire. Ainsi, l'Union soviétique est devenue le premier État à former l'Armée nationale somalienne. L’Union soviétique a prêté 32 milliards de dollars à la Somalie pour la formation de son armée et pour la coopération militaire. En 1969, l’assassinat du président somalien et l'accession au pouvoir du commandant de l’armée, Siyad Barre, à la suite d’un coup d’État ont joué un rôle crucial. Barre a formé un nouveau gouvernement avec le soutien soviétique. Le coup d’État a été soutenu par une population exaspérée par la corruption, les conflits tribaux et l'instabilité politique.

L’Union soviétique a contribué au développement du gouvernement Barre grâce à des investissements dans le développement, des bourses d'études et des coopérations militaires. Dans la mobilisation éducative initiée par le gouvernement Barre, l'Union soviétique a accordé des bourses à des candidats méritants. Ces individus ont également travaillé dans les écoles et hôpitaux créés avec le soutien soviétique. Barre, qui est arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1969, a eu l’Union soviétique comme principal soutien. En 1974, un traité d’amitié a été signé entre la Somalie et la Russie.



Le rôle que les Soviétiques souhaitaient jouer pendant la période de décolonisation consistait à soutenir matériellement et moralement la lutte anticoloniale, à laquelle participaient les élites formées pour le gouvernement Barre. Les Soviétiques ont fourni de temps en temps de l’argent et des armes au gouvernement Barre pour affaiblir l’influence du bloc occidental. Le gouvernement, qui a mis en place un régime autoritaire, a lancé une opération contre l’Éthiopie en 1977-1978 pour récupérer la région d’Ogaden, arrachée à la Somalie par les colonialistes. Dans cette guerre, connue sous le nom de guerre d’Ogaden, bien que le gouvernement Barre ait initialement triomphé, il a subi de lourdes pertes à cause du soutien soviétique à l'Éthiopie.



La guerre d’Ogaden, un tournant pour la Somalie, a entraîné de lourdes pertes pour le gouvernement. Furieux de cette politique soviétique, le président Siyad Barre a expulsé tous les diplomates soviétiques et les a déclarés persona non grata. En 1978, lors d’une conférence de l’Union Africaine, le président Siyad Barre a vivement critiqué les Soviétiques. Rompant ses relations avec l’Union soviétique, le gouvernement a dû se tourner vers l’Occident. Pendant cette période, il a également reçu le soutien de pays comme l’Arabie Saoudite et est devenu membre de la Ligue Arabe. Dans les années 1980-1990, le gouvernement en difficulté a eu des problèmes avec les commandants formés par les Soviétiques et les groupes rebelles. Dans la foulée, des partis d'opposition ont été créés. En même temps, les protestations et les groupes séparatistes contre le gouvernement Barre se sont intensifiés. Le gouvernement Barre a augmenté sa répression contre la population, mais cela n’a pas résolu le problème. En 1991, le gouvernement Barre a été renversé et la Somalie a sombré dans la guerre civile.



De nos jours, les relations entre la Russie et la Somalie sont fluctuantes. En 2016, le Premier ministre somalien Cumar Abdirishid Ali Sharmarke et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov se sont réunis pour souligner la nécessité de renforcer leur coopération bilatérale. Sharmarke a sollicité le soutien de la Russie pour la formation de soldats somaliens. En 2018, le Premier ministre somalien de l’époque, Hassan Ali Kheyre, a rencontré le vice-Premier ministre russe. Les deux leaders ont souligné l’importance de développer les relations russo-somaliennes, notamment dans les domaines militaire et économique. En mai 2023, lors de sa visite en Russie, le ministre somalien des Affaires étrangères a annoncé que les relations russo-somaliennes étaient en phase de normalisation et que la Russie fournirait un soutien militaire à la Somalie pendant cette période. Cependant, le ministre a précisé que la Somalie n'avait pas encore signé d'accord militaire avec la Russie, tout en soulignant que cela pourrait être envisagé à l’avenir. Lors du 2ème Sommet Russie-Afrique qui s'est tenu du 7 au 28 juillet, le ministre somalien des Finances, Bihi Iman Cige, et le vice-ministre russe des Finances, Timur Igorevich Maksimov, ont signé un accord pour effacer la dette somalienne de 684 millions de dollars envers la Russie. S’exprimant sur le service somalien de la BBC, un ancien directeur des renseignements somaliens a souligné l’importance de renouveler les relations de la Somalie avec la Russie à cette époque. Il a notamment insisté sur la nécessité pour la Russie de soutenir la Somalie dans ses opérations contre Al-Shabab et sur l'opportunité pour l'État somalien de tirer parti de cette situation. Cependant, il a ajouté qu’il y avait de nombreuses précautions à prendre avant de coopérer militairement avec la Russie. Le gouvernement somalien mène des opérations contre le groupe terroriste Al-Shabab, avec le soutien des forces turques et de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).



La Somalie est située dans la corne de l’Afrique, région qui comprend également l’Érythrée, Djibouti et l’Éthiopie. En raison de sa position stratégique contrôlant la mer Rouge, une voie de commerce maritime mondiale reliant l’Europe, l’Afrique et l’Asie, elle possède une importance géostratégique. Avec la plus longue côte d’Afrique, la Somalie a environ 3000 km de littoral. Grâce à sa position et à son littoral, elle se trouve sur l'une des principales routes de transit pour le pétrole du Moyen-Orient. La Corne de l’Afrique est l’une des voies de transit les plus importantes au monde, s’étendant le long du golfe d'Aden et du détroit de Bab-el-Mandeb. Historiquement, la Somalie a établi de puissants empires dans cette région et est devenue un important centre commercial. L’ouverture du canal de Suez au trafic maritime international a encore renforcé l’importance de la Corne de l’Afrique. La Russie souhaite exploiter la position géographique de la Somalie pour mener des opérations militaires, comme elle le fait dans d’autres pays africains, à son propre avantage. Il est bien connu que la Russie, sous le nom du groupe paramilitaire « Wagner », mène des opérations militaires dans de nombreux pays africains. Le rapprochement politique de la Russie avec la Somalie à cette époque indique que les puissants États coopérant avec la Somalie souhaitent rivaliser entre eux.

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