Faut-il démythifier les coups d’Etat en Afrique ? Mali, Burkina Faso, Guinée, et maintenant Niger, le constat est effarant : les coups d’Etat sont de retour, mais séduisent plus que jadis. À qui la faute? Pourquoi cette attirance pour l’illégal ?
Les peuples d’Afrique de l’Ouest sont devenus plus réceptifs aux putschs, même dans la quête de la démocratie. Oui, cette jeunesse instruite et désormais très « informée », est toujours dans sa quête d’une démocratisation réelle. L’accueil positif des coups d’Etat ne remet absolument pas en question la passion de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Seulement, c’est la « démocratie de mirage » qui ne peut plus passer. Cette « démocratie » qui élimine des opposants, qui écarte toute transparence, qui ne favorise pas la bonne gouvernance, qui renforce les inégalités sociales, implémente des oligarchies à la tête des pays, des élites qui se se sucrent sur le dos du peuple, où des Chefs d’Etat s’arrogent les prérogatives d’une monarchie… ne peut plus passer. La jeunesse africaine est déterminée à forcer sa pleine démocratisation.
Aujourd’hui, les turpitudes qu’on redoutait jadis des régimes militaires se retrouvent pleinement dans les régimes démocratiquement élus, qui, dès lors qu’ils se mettent au service de l’occident, sont légitimés dans leurs condescendance et leurs ratés. Et dès lors que la volonté des peuples est désormais confisquée via des urnes dans des « maskirovka » de démocratie, pourquoi ne pas tenter le revers de la médaille ? Si la CEDEAO veut un remède contre les coups d’Etat, ses membres devraient d’abord balayer devant leur porte. La lutte contre les putschs doit être faite avec une démarche de prévention qui devrait empêcher en premier, la confiscation de la volonté des peuples par l’instrumentalisation de la justice et désormais, du terrorisme (suivez mon regard…). Les occidentaux, « grands défenseurs des valeurs démocratiques », devraient éviter de circonscrire la démocratie qu’à l’once de l’organisation d’une élection, dont les dés sont souvent pipés d’avance. La démocratie, c’est aussi la bonne gouvernance, la répression de la corruption, le bien être, le partage équitable des ressources, bref, le développement.
Tant que les présidents démocratiquement élus l’auront été à travers un processus électoral biaisé, tant que les peuples auront l’impression que l’intérêt national n’est pas le premier souci de leurs dirigeants, tant que leur passion grandissante de la souveraineté n’aura pas été assouvie, tant que la finalité de la démocratie ne sera pas le développement en Afrique de l’Ouest, les putschs continueront à gagner l’affection des populations, de laquelle ils tirent la légitimité face à la légalité biaisée.
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